L’origine de la guerre par Orlan

J’ai décidé d’ouvrir une nouvelle rubrique dédiée à l’art contemporain.

Aïe ! Oui Aïe je sais ! En même temps avec nos enfants en bas-âge, c’est pas demain qu’on va faire de l’expo Art Contemporain interdit moins de 18 ans. Du coup j’ai pensé à moi (d’abord), à mes courses (que je devais faire) et à vous (beaucoup plus tard) : pourquoi ne pas ramener l’art à la maison ? Sur le blog donc, la maison c’est une symbolique, je vais pas risquer de me faire embarquer pour vol à Pompidou.

Pour alimenter cette rubrique, un concept tout simple (comme moi pendant l’été indien à Ibiza) : une oeuvre contemporaine que je vous soumets, mes impressions sur cette oeuvre sans avoir consulté aucun guide, ni aucune référence (vierge et pure je resterais) puis la véritable explication de cette oeuvre quand je me serais renseigné. En somme trois parties : Vision, Impression, Explication (ne tombez pas en pâmoison devant mon intelligence, au bout d’un moment on s’y fait).

Bon … Voilà … On y va ?

1 Vision

2 Impressions

 » Pas si compliquée que ça l’art contemporain, du moins cette oeuvre. L’allusion saute aux yeux avec l’Origine du Monde de Gustave Courbet, même partie de l’anatomie, même plan. L’artiste a poussé le détail jusqu’au choix du cadre identique. Un juste retour des choses en quelque sorte : un peintre peint un sexe féminin, une peintre un sexe masculin. Evidemment toute la nuance est dans le titre de l’oeuvre. Alors que Courbet semblait encenser la femme, Orlan semble condamner l’homme. L’Origine de la Guerre, une oeuvre féministe ? L’Homme, au contraire de la Femme, serait à l’origine de toutes les atrocités du monde, de toutes les injustices ? Hum … Trop simple non ? A y regarder de plus près (ne nous gênons pas), le sexe est en érection. Il exprime donc le désir. Ne serait-ce pas là la véritable Origine de la Guerre ? Le désir d’argent, le désir du pouvoir, le désir de surpasser l’autre en tout. Ce serait le sexe de Napoléon ? Naaaan ! … Courbet, de son côté, inspire le désir, rien n’indique que la femme de l’Origine du Monde ait une envie particulière. Elle a plutôt une attitude passive, en attente. On pourrait même la croire endormie. Ce qui est impossible à croire avec l’Origine de la Guerre, l’homme est « en action ». D’ailleurs n’est-ce pas lorsque l’on est poussé à agir par désir, qu’on s’oppose à des affrontements et des heurts ? Un être humain sans désir aurait-il une seule raison de s’en prendre à ses semblables ? Non, bien évidemment. Malgré toutes ces explications plausibles, il n’en reste pas moins qu’Orlan par sa référence « grossière » a voulu mettre en conflit les deux oeuvres, créer un face-à-face entre l’Homme et la Femme (car quoi mieux que leur sexe peut les représenter ?) mais est-ce seulement possible : la Guerre ne fait-elle pas partie de ce Monde ? »

3 Explication

Intéressante l’explication car, et je ne m’en étonne pas, je suis tombée complètement à coté de la plaque. L’Origine de la Guerre d’Oran est bel et bien une oeuvre féministe. Si l’allusion au tableau de Courbet est aussi directe, c’est par désir de provocation. Un désir de provocation qui semble d’ailleurs être un travail commun à beaucoup d’artistes contemporains. Ce qui est amusant d’ailleurs, car les rares fois où nous comprenons instinctivement une oeuvre contemporaine, c’est souvent parce que celle-ci cherche à nous provoquer. Alors nous poussons des « Oh quelle horreur ! » ou des « Comment peut-on faire une chose aussi monstrueuse ? ». Puis nous en parlons autour de nous, choqués par une telle vision, sans nous rendre compte que nous servons à la cause de l’oeuvre et qu’il s’agissait du but recherché de l’artiste. Orlan n’est pas une idiote, et oui son oeuvre n’est pas subtile mais lorsque l’on lit les discussions enragées sur Internet à propos de son oeuvre (tu crois que les femmes ne peuvent pas faire la guerre ? Et Alliot-Marie c’est pas une femme peut-être ? Non une femme n’a pas le même désir de conquête, etc.), on se dit que le Monde a aussi parfois besoin de guerrières (qui peignent).

Pour aller plus loin : biographie d’Orlan