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En pleine migration (comme les oiseaux)


http://demeninges.blogspot.fr/

Mes chers voisins …

janvier 24, 2013
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Entre vous et moi, il y a un mur d’incompréhension. Pour être précise, un mur de briques de 2,5 cm.

Je me rends bien compte que ces barrières entre nous ne facilitent guère la communication, ce qui, d’un autre côté, légitimerait les bienfaits de l’open space au niveau professionnel. Peut être devrions étendre cette distribution de l’espace dans la sphère privée.

En attendant ce jour, je suis bien obligée de deviner, plus que de comprendre, les signaux que vous m’envoyez sur votre existence cloisonnée.

Je m’adresserais d’abord à ma voisine de gauche car je suis certaine qu’elle lit ce blog. Comment expliquer autrement que me parvienne ainsi votre rire tonitruant à longueur de journée ? Bien que je me sente flattée, j’aimerais que vous reconsidériez vos heures de passage sur ce blog, de façon à ce que ne coïncident pas ma lecture de Saint Augustin avec votre lecture de Demeninges.

Je passerais ensuite au jeune du 1er étage. J’avoue ne pas saisir votre besoin d’écouter en boucle La Bohême. Peut être cela reflète t-il votre état d’esprit du moment mais dans ce cas, permettez-moi de vous dire que se sentir proche de La Bohême alors que l’on habite un coquet appartement avec portail de sécurité et jardin privatif relève du non-sens et même du foutage de gueule. Et honnêtement, la Bohême est une chanson que les moins de 20 ans ne devraient pas connaître. Est-ce à moi de vous rappeler que vous avez Booba et Rihanna pour épancher votre peine ? A moins que vous ne soyez atteint de la même maladie que Benjamin Button, ceci expliquerait à la fois vos goûts musicaux et le volume sonore utilisé.

Enfin, je me dois de terminer avec ma voisine du dessus. Nous serions dans un immeuble open-spacé, vous auriez vite compris que mon mari et moi-même ne souhaitons n’avoir aucun contact avec vous. Pour être honnête, vous nous êtes autant désagréable à l’oeil, qu’au nez et qu’à l’oreille (heureusement que les relations de voisinage ne nous obligent pas à vous toucher et à vous goûter). Dès que vous apparaissez dans les lieux communs, trois de mes sens sont en alerte, je planque mes enfants dans les moindres recoins de la maison pour qu’ils ne soient pas à votre portée et je tente d’abréger mes souffrances en invoquant les choux dans un four ou un four dans les choux. Oui, nous devrions vivre ensemble que vous auriez vite compris que je ne partage pas vos opinions sur la dégradation des rapports humains liée au mélange culturel, ni vos propos calomnieux sur vos voisins directs.

Il y a là une injustice flagrante de savoir que vous habitez juste au-dessus de chez moi, donc plus près du ciel que je ne le suis et une preuve tangible que l’ascenseur social comporte bien des anomalies. Le monde serait plus juste qu’il vous ferait vivre dans la cave.

Voyez voisins, je m’inquiète à votre sujet (à tel point que ça m’empêche de travailler)

Néanmoins, dans un souci d’égalité et parce que les murs ont deux côtés et donc qu’ils sont porteurs aussi bien de vos activités que des miennes, je me dois de vous expliquer également mes propres signaux. Si je ris, c’est parce que je me relis. Si mon fils se jette avec fracas par terre tout en tapant des pieds et des poings, c’est parce qu’il se débat dans un conflit intérieur entre autonomie (quand j’ouvre le bouchon de sa compote à sa place) et dépendance (quand je lui suggère de se brosser les dents avec ses propres mains). Enfin si ma fille vous réveille à six heures, c’est uniquement dans le but de vous faire partager cet instant de plénitude qu’est l’aube, ce moment délicat pendant lequel les autres dorment encore et où tout est silencieux. Si elle fait du bruit, c’est uniquement pour que vous ne ratiez pas ce silence.

Je conclurais par ce proverbe :

On voit la paille dans l’oeil du voisin, mais pas la poutre dans le sien

Je me permets de douter d’une telle affirmation sachant que je suis de petite nature et qu’un tel objet dans mon orbite oculaire me procurerait sans doute une réelle souffrance.

Leçons de bonheur : se réjouir d’un rien

janvier 23, 2013

boite de chat

Youpi ! J’ai retrouvé des couvercles pour la boîte du chat !

L’âge de glace

janvier 22, 2013

Enceinte, je ne me souviens pas avoir signé un contrat dans lequel il était déclaré probable qu’un matin d’hiver la vue de ma fille derrière la vitre d’un bus soit le dernier souvenir que je garde d’elle pendant plusieurs jours. Non, enceinte, personne n’a osé aborder avec moi le sujet de la classe de neige, et je le regrette bien. Six années n’auraient pas été de trop pour me faire à cette idée.

Pourtant, question coeur de pierre, je me plaçais tout de même dans la catégorie marbre, celle qui inclut toutes celles n’ayant jamais versé une larme que ce soit pour Ghost ou Baby Boom. Même les deux réunis.

Mais aujourd’hui il y a eu le départ de classe de neige.

La première difficulté étant qu’un départ de classe de neige se fait toujours par un matin froid d’hiver, morne et sans relief. Il suffirait que l’on fasse cela un mois d’août, les tongs aux pieds, pour que tout cela devienne moins pénible mais le hasard du calendrier nous oblige à deviner le sourire contrit de notre enfant derrière une vitre forcément embuée tout en tremblant de la tête aux pieds, en passant par le coeur.

Tout comme les neiges éternels, les adieux le sont aussi. Parce que les retardataires, les précautionneux, les valises et les chauffeurs de bus n’ont pas le même désir secret d’en finir au plus vite. On avait pourtant, à force d’expériences et au fil du temps, établit la tactique des au revoir rapides pour que le revoir soit la seule chose à retenir. Mais un départ de  classe de neige se fait au ralenti, prémices de la lenteur de ces cinq prochains jours. 24 lancers de baisers et 51 signes de la main tout en scrutant la fermeture des portes du bus, se demandant si nos yeux seront assez courageux pour tenir prisonniers des larmes malvenues.

« Pleure pas si t’es un homme » se dit la mère.

Vient enfin la délivrance, qui cède instantanément la place à l’angoisse. Ne pas penser à cette association d’idées bus rempli d’enfants et virages de montagne, ne pas garder à l’esprit l’image de son enfant sans camarade assis à ses côtés (elle serait impopulaire ?), ne pas imaginer tout ce qui pourrait mal se passer, ne pas comparer avec sa propre expérience traumatisante de classe de neige et vérifier que le démêlant n’est plus à sa place et donc bien dans sa valise.

Je suis de marbre mais ma fille coule dans mes marbrures. Je la confie à la neige, en espérant qu’elle lui tienne chaud comme moi seule normalement sait le faire.

Justement parce que ce n’est que le début, que le premier départ, il n’en est que plus difficile. La classe de neiges des enfants est l’âge de glace des parents.

Monsieur Hulot, l’ami des enfants

janvier 21, 2013

Au début d’année, il y a le catalogue de la Redoute et celui des bonnes résolutions. S l’un a parfois des conséquences sur l’autre (faire un régime pour rentrer dans les maillots de bain de la page 437), il y aussi des résolutions sorties de nulle part ou presque, les résolutions d’un monde meilleur qu’on ne cesse de remettre au lendemain de l’année prochaine.

Cette année j’ai sorti des cartons de la mère qui veut s’améliorer l’envie d’inculquer à ma fille une certaine culture cinématographique en exhumant des archives des films validés par des générations entières. Je me suis rendue compte à quel point il était difficile de trouver une liste de films (non pas de dessins animés) qui puissent être vus et compris par des enfants de 6 ans. J’ai finalement trouvé cette liste éditée par le British Film Institute des films à voir avant 14 ans, qui doit être remaniée pour son âge mais qui est assez complète.

A raison d’un film par semaine, ma fille et moi sommes devant l’écran. Et la première expérience me conforte dans l’idée que l’idée n’était pas mauvaise. Parce que je me dis que ça pourrait peut être vous servir, j’en ferais donc un compte-rendu d’abord en vous retranscrivant telle quelle l’opinion de ma fille sur le sujet, puis mon propre avis sur ce visionnage mère-fille.

On commence donc par « Les vacances de Monsieur Hulot » de Jacques Tati.

« Au début c’était la musique et aussi à chaque fois ça changeait d’image la mer et les cailloux. Après c’est venu le film et après la voiture, drôle de voiture verte et blanche et après la voiture elle arrêtait pas de sauter et de perdre son huile. Tout le monde allait en vacances vers la mer. Et puis tout le monde allait se changer et allait dans la mer. Le servant de l’hôtel tirait sur la cloche et après tout le monde courait pour aller manger. Y’avait le vieux et la dame, ils étaient premiers. 

Un monsieur et une dame qui étaient toujours ensemble et aussi le petit frère de la grande fille. Y’avait le monsieur et la dame qui faisait du cheval et des fois ils faisaient des fêtes, le garçon et la fille dansaient. Tellement c’était trop rigolo, il est allé dans la cabane des feux d’artifices et a fait craquer tous les feux d’artifice. Ca a réveillé toutes les filles. Le lendemain matin, y’avait des gens qui partaient au pique-nique et d’autres restaient à la mer pour se baigner. Et l’autre jour, tout le monde partait des vacances et c’était la fin des vacances.

J’ai bien aimé le film parce qu’il était sympa, y’avait quelqu’un de très drôle et c’était très amusant. Monsieur Hulot (elle ne se souvenait plus du nom) avec sa voiture. Je regarderai encore. Le bruit de la porte est très, très drôle : ils ont mis le bruit exprès pour faire rire les gens. »

Le bruit : un acteur comme les autres
Grâce aux Vacances de Monsieur Hulot, l’enfant découvre un nouvel acteur qu’il avait peut être jusque-là négligé. Entre la voiture qui crachote, les pétards qui pétaradent (forcément) et surtout la porte du restaurant qui boing (un gag à lui tout seul), il découvre que le bruit (en dehors des dialogues qui sont de toute façon presque inexistants dans ce film) peut jouer un rôle essentiel. L’occasion de leur apprendre que les bruits peuvent être rajoutés pour ajouter une nouvelle dimension à une scène.

Un monde noir et blanc
L’enfant a une vision très colorée du monde. Quand il est confronté à un film en noir et blanc, il imagine que l’histoire sera triste et terne. Le meilleur moyen de contourner cela est donc bien de lui montrer des films comiques en noir et blanc pour qu’il finisse par faire abstraction de cette idée d’univers morose. N’empêche que la couleur leur manque et ma fille émet le souhait « de colorier le film pour y rajouter du rose, du violet et du jaune »

L’adulte est un enfant comme un autre
Ce qu’il y a de formidable dans les films de Jacques Tati et spécialement celui-là, c’est que Monsieur Hulot est un adulte (et grand qui plus est) qui donne raison aux enfants. Il prend clairement leur parti en se conduisant comme eux, et en se moquant des « vrais » adultes qui prennent les choses trop au sérieux. Entre l’enfant qui regarde le film et Monsieur Hulot, une complicité s’installe très vite et les rires se multiplient.

Mais surtout, regarder Les Vacances de Monsieur Hulot avec ses enfants donne envie aux parents que nous sommes de se remettre en question. Le message étant « Arrête de regarder le journal/ ta feuille d’impôts/ tes objectifs trimestriels et fais un concours de grimaces/ une bataille d’oreiller/ une partie de cache-cache avec tes enfants »  bref, arrêtons de jouer à l’adulte, ce jeu même pas drôle.

approuvé

Le trophée rose des sables n’est pas un concours culinaire

octobre 11, 2012

Désert. 11 heures du matin (à des milliers de kilomètres du premier Sephora)

– Dis Marie, rassure-moi, t’as bien pensé à prendre la crème solaire teintée indice 50 lift jeunesse anti-rides ?
– Evidemment, c’est dans la trousse avec l’huile cheveux nourrissante et le stick lèvres solaires, ainsi que les Grazia des 6 derniers mois, le catalogue de la Redoute, le chocolat light et les bottes de pluie.
– Waouh ! T’as réussi à caser tout ça dans le coffre ?
– Bah oui, enfin j’ai juste du me séparer de la roue de secours mais bon, c’est pas dans le désert qu’on trouvera un beau gosse pour nous la monter alors je voyais pas l’intérêt de la garder.

Paf ! (Bruit d’un pneu explosé en plein désert, j’imite très mal le pneu explosé en plein désert)
Désert. 11h02 du matin (à des milliers de kilomètres du premier Norauto)

– Voilà Marie, du coup on ne sera jamais de retour à temps à Paris pour le lancement de la nouvelle collection capsule d’H&M !
– Bouh …ouh … bouh … snif !

Non seulement cette scénette se déroule à des milliers de kilomètres d’un Sephora et d’un Norauto mais elle est aussi à des milliers de kilomètres de la réalité. On la dédicace donc à tous ceux qui osent encore dire « Femme au volant, mort au tournant« , à tous les garagistes qui ne regardent que le mari dans les yeux, à tous les traiteurs de « S*** » en voiture et en général, à tous ceux qui définissent la femme comme le summum de la superficialité.

A tous ceux-là donc, je propose, à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 21 octobre, un stage de remise à niveau en suivant le Trophée Rose des Sables dont ils n’ont certainement jamais du entendre parler, qui n’est pas un concours culinaire de dessert mais un véritable raid aventure en plein désert.

Ainsi ils découvriront :
– Que la femme sait qu’une dune, ce n’est pas seulement un parfum de chez Dior
– Que la femme sait se servir du boussole, pas seulement d’une casserole.
– Que la femme sait lire un road-book aussi facilement qu’une liste de courses. Et qu’elle a même le droit de mieux lire un road-book qu’une liste des courses.
– Que la femme sait faire la différence entre un buggy et un baggy.
– Que la femme peut déplacer des montagnes pour autre chose que des articles soldés.
– Que la femme sait remplir son coffre de choses indispensables comme des dons humanitaires.

Et donc …
– Que la femme n’est pas superficielle, elle est juste super aventurière, super conductrice, super mécanicienne, super humaine, super solidaire, bref super !

Pour une dune franchie, un préjugé ensablé

Du coup, on ne se prive pas d’en parler autour de nous, que ce soit autour d’un cupcake, d’un mojito, d’une soupe light ou d’une bière !

Plus d’infos sur Le Trophée des Sables

La fin des mondes

octobre 5, 2012

Hier j’ai lu un livre, ça s’appelle « Le sermon sur la chute de Rome« 

De tous les livres sorties à la rentrée (faudrait savoir), j’ai jeté mon dévolu sur « Le sermon sur la chute de Rome« .

En faculté d’histoire, j’étais fascinée par la période du Haut Moyen Age qui signait également la fin de l’Empire Romain. Pour simplifier la chose, disons que j’aimais bien ce bordel ambiant, cette période où ceux qui avaient le pouvoir finissaient par tourner en rond et pourrissaient de l’intérieur pendant que d’autres, fous furieux, se posaient beaucoup moins de questions sur l’extension de leur territoire, étant donné que leur survie en dépendait.

Dans ce livre, l’histoire principale (mais il en existe d’autres entremêlées) met en scène deux amis corses qui abandonnent leurs études de philosophie sur le continent pour reprendre un établissement de boissons dans un village de l’île. Ils auront l’illusion un temps de produire le meilleur des modes possibles avant que …

Quand on étudie l’histoire, la conscience est aiguisée sur le fait que tout monde est voué à disparaître mais il n’est pas besoin de rejoindre les bancs de l’université pour en faire l’expérience. Il suffit par exemple d’avoir un jour connu le bonheur de la communauté : il y a ce moment où l’on regarde son groupe d’amis et qu’on le considère comme la perfection même puis, inévitablement, alors que rien ne semble avoir changé, les relations se détériorent, parfois avec violence, sans que l’on sache précisément d’où vient cette dégradation.

J’ai lu ce roman sur l’extinction des mondes, qu’ils soient infimes ou universelles, avec une boule au ventre parce qu’en réfléchissant on peut se demander si l’on n’est pas en train de traverser une de ces périodes charnières où la légitimité de notre société est mise à mal et semble être en train de vaciller vers une autre forme encore et forcément incertaine.

Le sermon de la chute de Rome, celui de Saint Augustin, ne sonne t-il pas de façon étrangement moderne ? Mais peut être l’homme est-il voué à toujours considérer que le monde qui l’entoure n’est pas celui qu’il espérait (comme l’un des autres personnages de l’histoire) ?

Retiens ton souffle
C’est un des rares livres qui m’a fait prendre conscience qu’un style d’écriture pouvait être ressenti physiquement par son lecteur. Comme la reine d’Angleterre (pourquoi pas ?), j’apprécie de pouvoir lire quelques pages avant de m’endormir pour glisser doucement vers un état de semi-conscience qui me propulse loin des impératifs triviaux tels que « Il ne reste plus que deux couches pour le dernier » ou encore « Je n’aurais pas du me servir une deuxième part de tiramisu ».

Le problème avec ce livre et le style de l’auteur, c’est qu’il semble que l’on doive chausser ses baskets avant de se lancer dans la lecture car les longueurs de phrase sont telles que l’on retient son souffle et que les virgules sont autant de haies qu’il faut sauter.

« L’aube n’annonçait qu’un nouveau sursis et Marcel partait vers l’école, s’arrêtant parfois en chemin pour vomir du sang en se promettant de ne rien dire à sa mère qui l’obligerait à se coucher et prierait agenouillée à ses côtés en lui appliquant des compresses brûlantes sur le ventre, il ne voulait plus permettre que son démon l’arrache aux seules choses qui faisaient sa joie, les leçons du maître, les cartes de géographie colorées et la majesté de l’histoire, les inventeurs et les savants, les enfants sauvés de la rage, les dauphins et les rois, tout ce qui lui permettait de croire encore que, de l’autre côté de la mer, il y avait un monde, un monde palpitant de vie dans lequel les hommes savaient encore faire autre chose que prolonger leur existence dans la souffrance et le désarroi, un monde qui pouvait inspirer d’autres désirs que celui de le quitter au plus vite, car de l’autre côté de la mer, il en était sûr, on fêtait depuis des années l’avènement d’un monde nouveau, celui que Jean-Baptiste s’en alla rejoindre en 1926, mentant sur son âge pour pouvoir s’engager […] » (j’ai pas fini la phrase, je n’en pouvais plus de recopier).

Le coeur palpitant, impossible alors de me rendormir (sans compter que je n’aurais définitivement pas du me resservir de tiramisu).

Jérôme Ferrari aurait-il eu le même style d’écriture s’il s’était appelé Jérôme Roulotte ?

Joue-la comme Zlatan !

octobre 3, 2012

… Zlatan Ibrahimovic !

Vous ne pouvez pas le constater de visu mais je viens d’écrire ce nom sans même consulter Google ce qui laisse à penser que je suis bien plus atteinte que je ne l’aurais cru.

Zlatan Ibrahimovic donc, est un footballeur suédois qui vient de rejoindre le PSG. Je précise car mon lectorat étant composé presque exclusivement de femmes et de quelques canards, j’imagine qu’il y a des lacunes de ce côté-là (et je ne vise pas les canards). J’étais en train de lire le So Foot dans mes toilettes (ça peut paraître bizarre dit comme ça mais les femmes savent lire, là je vise les canards) quand je suis tombée sur un article consacré à Zlatan Ibrahimovic relatant sa vie, son oeuvre, ses déclarations.

En fin de compte, il fait moins peur que Super Nanny

Depuis Zlatan est mon maître, mon mentor. Il va changer ma vie de mère en me permettant d’être insensible aux propos culpabilisants de mon entourage à propos de l’éducation de mes enfants.

Le principe est simple : ne jamais, jamais se démonter.

Quand Zlatan n’apprécie pas l’attitude d’un journaliste il lui dit « Moi je suis Zlatan, mais toi t’es qui, putain ? »
Que je traduis par « Moi je suis sa mère, mais toi t’es qui, putain ? »

Zlatan déclare « Je ne connais pas la ligue 1 mais la ligue 1 me connait »
Que je traduis par « Je ne connais pas la maternité mais la maternité me connait »

Ou encore « Votre style est-il plutôt suédois ou yougoslave ? » Zlatan répond « C’est du Zlatan-style »
Que je traduis par « Votre style est plutôt allaitement ou biberon ? » je réponds « C’est mon style »

Et quand on lui demande comment il est sur du jeu réduit, il répond « Je suis génial. Evidemment. J’adore ça »
Je le reprends à mon compte pour l’éducation de mes enfants.

En contrepartie, il faudra juste s’entraîner à mettre des coups de boule osant nous contredire mais ça vaut bien ce petit sacrifice non ?

La mère, grande perdante de la vie

octobre 2, 2012

J’ai toujours été bonne joueuse.

…Sauf une fois. Un jour, je devais avoir 2 ou 3 ans (si je me souviens bien), je me vantais d’être imbattable au Cluedo même si dans le fond ce n’était pas de la vantardise, c’était la stricte vérité. Mes camarades, un peu vexés de voir autant d’assurance naturelle chez quelqu’un qui avait déjà reçu la beauté en cadeau, ont donc décidé de me jouer un tour et de regarder d’avance les réponses afin de me couper l’herbe sous le pied (Mathilde et Charlotte, avec un sécateur, dans le jardin). A cause de cette expérience traumatisante, j’ai abandonné l’idée de devenir plus tard Madame Maigret. En tout cas, dans mes souvenirs, c’est un peu l’exception qui confirme la règle du jeu.

Hormis cet épisode donc, je n’ai aucun souci avec la défaite, à condition qu’elle soit loyale, à la régulière. En tant que mère, j’ai bon à 50 %. « Aucun souci avec la défaite« , OK c’est bon, ça passe, « à condition qu’elle soit régulière« , mauvais plan !

Une mère doit perdre, tout le temps, à tous les jeux.

Au départ, quand on commence à pouvoir  jouer à des jeux de société avec ses enfants, on exprime mentalement une note d’intention : je ne vais pas faire semblant de perdre parce que c’est lui donner une fausse image de la vie, et qu’il doit pouvoir accepter la défait et même en sortir grandi, et ainsi il comprendra que pour gagner il faut s’entraîner et travailler dur…..
Après deux, trois jeux avec ses enfants, on finit par chercher sur Internet comment perdre à coup sûr au jeu de morpion. Et la note d’intention se retrouve bien planquée au fond du cerveau, au même endroit que les notes d’intention « Je lui apprendrai à ranger sa chambre lui-même » et « Jamais je ne lui achèterai les bonbons aux caisses ».

Un exemple parmi d’autres. Ma mère a offert à ma fille un jeu de mikado pour son anniversaire (ou juste pour être cruelle avec moi, j’hésite encore).

Et en plus, il parait que c’est une invention de moine boudhiste !

Je vous explique brièvement comment jouer au mikado avec un enfant de 6 ans.
1. Entraînez-vous à faire comme si vous aviez la maladie de Parkinson.
2. On ne suggère pas à son enfant de retirer ses moufles avant de jouer, c’est malpoli de votre part de vouloir lui faire remarquer quelque chose qu’il aurait pu déduire de lui-même.
3. Même si vous avez reçu quatre baguettes dans l’oeil quand il a voulu en retirer une du jeu, vous ne lui dites pas qu’il a bougé.
4. Attention tout de même à parfois dire qu’il a bougé sinon il sentira le piège. L’enfant veut vraiment gagner à la loyale, enfin du moins selon sa conception de la loyauté.
5. Attention bis, il faut également veiller à ce que vous lui laissiez la main quand arrive le moment, juste avant la fin, où le tas de baguettes est facile à prendre de façon à être sûr qu’il ait plus de baguettes que vous.
6. Ne vous montrez pas trop nerveux quand il faut compter les baguettes et que vous ne savez pas encore s’il a gagné ou pas. Si votre enfant n’est pas très fort en calcul, essayez de faire croire que vous avez moins de baguettes que lui ou essayez d’en faire discrètement manger à votre chien.

Si malgré tous ces conseils, vous avez tout de même gagné, précipitez-vous dans votre chambre et portez un casque à vos oreilles avec du Polnareff à fond.

Mikado, la petite faiblesse qui vous perdra.

A force on prend de mauvaises habitudes, et quand on me propose une partie de Trivial Pursuit entre adultes, je finis par ne PAS donner la réponse pour ne pas vexer les autres joueurs. Quand je reprends mes esprits et que j’annonce « Je le savais !« , personne ne me croit bizarrement. Le pire, c’est que si votre enfant assiste à la scène, il vous regardera du genre « ma mère me fout trop la honte, elle sait pas gagner » alors que c’est à cause de toutes ces années de pression psychologique que vous vous êtes mise dans cette situation d’éternelle looseuse.

Comme les féministes le font souvent remarquer, les femmes ont tendance à se dénigrer, à ne pas mettre en avant leurs compétences mais en tant que mères, on a plus souvent l’occasion de taire ses instincts guerriers que l’inverse (excepté le 1er jour des soldes pour trouver des bodys taille 6 mois mais c’est une autre histoire).

Voilà donc ce qu’a gagné la société à créer des jeux de société.

A défaut, un chouette blog à découvrir en cliquant au-dessus !

La théorie du bolduc manquant

octobre 1, 2012
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Je ne suis pas partisane du « C’était mieux avant » surtout depuis qu’on a réussi à transformer les spéculoos en pâte à tartiner. Et les collants ventre plat (parce que l’un sans l’autre ne ferait pas un monde parfait).

D’un autre côté, je regrette que certaines choses aient disparu comme les berlingots de lait concentré sucré. Et Garcimore. Et si vous n’avez jamais pu regarder Garcimore tout en suçant un berlingot de lait concentré sucré, vous avez un peu rater votre vie (Paf ! Dans ta face, le jeune !)

D’une façon générale, j’ai fait le deuil de ces choses aujourd’hui disparues mais certaines ont encore du mal à passer.

Par exemple, j’ai encore du mal à ne pas être nostalgique de l’époque où je n’avais pas de ventre. Comme quoi, on peut regretter quelque chose qui n’existait pas (je viens de toucher du bout de l’ongle Hegel).

A ce propos, ma fille de 6 ans m’a annoncé cette semaine qu’elle ne m’en voudrait pas si je perdais mon ventre. Sur quoi je lui ai répondu que c’était étrange parce que moi je lui en voulais de me l’avoir donné et qu’au vu de nos connaissances actuelles sur la génétique, il y avait tout lieu de penser qu’elle se prendrait la même remarque désobligeante de la part de son enfant.

Fin de la digression sur la mauvaise foi des enfants.

En plus de mon ventre, ou plutôt de l’absence de ventre, je n’arrive toujours pas à encaisser la fin du bolduc. Bon évidemment le bolduc partait avec un sacré désavantage dans la vie. Quelle idée de s’appeler Bolduc ? C’est quand même le seul mot de la langue française à pouvoir rimer avec Trouduc.

Mis à part cette absurdité patronymique, je regrette le bolduc, je regrette ce temps où les vendeuses prenaient le temps de faire de jolis paquets cadeaux et nous de se dire qu’on en avait pour notre argent. Je regrette le temps où à Noël, les paquets avaient de l’allure alors qu’aujourd’hui on a l’impression que c’est le tri postal sous le sapin.

En plus d’avoir ruiné les fabricants de bolduc, les magasins ont inventé ce concept génial de « Fais tes paquets toi-même » comme si on avait tous hérité du don d’emballage. Quand il s’agit d’offrir un livre, ça peut encore passer mais j’ai déjà vu des parents craquer nerveusement quand il s’agissait d’emballer une trottinette ou un ballon de foot.

Militons donc pour le retour des paquets joliment emballés, pour le retour du bolduc et pour le retour de mon ventre que je n’avais pas !

Pourquoi ce sera toujours de ma faute

septembre 26, 2012

Avec les enfants, rien n’est jamais gagné d’avance. A la manière des vases communicants, un problème d’enfant est-il à peine résolu qu’automatiquement un nouveau souci fait son apparition. Pourquoi a t-il décidé, du jour au lendemain, que la peau du poulet est plus néfaste qu’un disque de Lagaff’ ? Mystère …

Un problème d’enfant n’est jamais un problème enfantin.

Quand il s’agit de poser des questions, les enfants son plus coriaces qu’un journaliste en manque de scoop. Sans compter qu’ils ne redoutent jamais la question qui fâche comme « Maman, pourquoi t’as un gros bouton sur le menton ?« .
Ca, pour poser des questions, ils sont fortiches mais quand il s’agit de répondre aux nôtres, bizarrement vous redevenez nullipare (comprenez, il n’y a plus personne).

Et quand on les presse pour obtenir autre chose qu’un « Je ne sais pas« , ils se mettent à pleurer ce qui fait de nous des injustes tortionnaires.

J’ai vécu l’expérience récemment avec ma fille qui rentrait au CP. Alors que la maternelle se passait sans problème, l’entrée au CP s’est transformée en épreuve de force. Chaque matin, il fallait la laisser en panique et pleurs dans la cour de son école mais le soir venu, lorsque je tentais de comprendre ce malaise, je n’obtenais que des réponses vagues et un désintérêt total.

C’est là que le cerveau détraqué de mère se met en route : on se dit qu’on a du louper quelque chose, un évènement mal maîtrisé. Pire, que si l’enfant n’arrive pas à exprimer verbalement son problème, c’est qu’il est bien plus grave qu’on imaginait. En y repensant, l’ATSEM de GS n’avait-il pas un regard pervers ou peut-être est-ce ce pigeon mort rencontré sur le chemin de l’école le mardi 13 octobre 2010 ? Et peut-être même que le pigeon mort avait le même regard que l’ATSEM.

Les interroger est peine perdue et puis, au fond de nous, on connait déjà le coupable. Si les enfants étaient réellement honnêtes, ils auraient le courage de nous dénoncer avant que l’on s’épuise moralement à faire notre auto-critique.

Lorsque cet épisode malheureux d’école est survenu, on m’a parlé de la peur de la séparation, sous-entendu qu’elle était de mon fait et que l’enfant ressentait ma propre peur. Etant donné que je danse le sirtaki tous les matins en quittant ma progéniture, je ne comprenais vraiment pas pourquoi ça pourrait être de ma faute.

On leur offre la vie, la plus belle chose qui soit, et en échange on reçoit un sentiment de culpabilité permanent et plus qu’angoissant. C’est comme si, invités chez des amis, on arrivait avec un joli bouquet et que la maîtresse de maison nous les jetait à la figure avant de nous claquer la porte au nez.

A part ça, c’est chouette d’avoir des enfants.