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Le règne des beaux gosses et des sales vannes.

juin 28, 2009

Hier j’ai lu un livre, ça s’appelle « La physique des Catastrophes ».

Drôle de coïncidence la lecture de ce bouquin avec le succès au cinéma des Beaux Gosses. A croire que l’adulte est en ce moment si malheureux qu’il se met à regretter la période la plus ingrate de sa vie.

Oubliés le biactol, l’appareil dentaire, les mercredi après-midi chiants comme une file d’attente à la Poste, les goûts musicaux pourris, l’état de rébellion permanent qui donnait juste le courage de rester au lit toute la journée, les dix minutes de récré pendant lesquelles on pouvait passer de la gloire au bannissement et les histoires d’amour même pas dignes de figurer dans un Harlequin (même soldé) ?

Franchement qui voudrait revivre ça ? (Me regardez pas, c’est vous que j’interroge)

Si engouement pour l’adolescence il y a, j’ai bien une petite idée sur la raison. La faute au Politiquement Correct. Avant, d’une fille au physique ingrat, on disait d’elle qu’elle était « moche comme un pou même que le fayot frustré du premier rang en voudrait pas » maintenant on se contente de déclarer qu’elle « dégage beaucoup de douceur« . Avant on hurlait « Les cons, c’est les autres » en sirotant un Malibu Ananas un soir d’été sur la plage et tous nos potes se marraient, maintenant on cite Sartre « L’enfer, c’est les autres » lors d’un dîner mondain et personne ne se marre en sirotant le Châteauneuf du Pape 1984.

On s’est formaté le Verbe, ramolli la langue, on a arrondi les angles de son discours. On est devenu relou de chez relou.

En même temps, c’est pas ce triste constat qui me donnerait envie de me rebadigeonner de biactol tous les matins en me demandant si j’aurais la chance d’avoir Gregory assis à mes côtés en cours d’anglais. Non merci, j’ai déjà donné. Je me sentais pas particulièrement brillante durant cette période, même si ma peau l’était.

Plus simple est de se plonger dans un livre comme La Physique des Catastrophes, sorte de teen-récit (pour reprendre l’expression de la Ch’tite) qui nous abreuve en répliques sucrées, aussi douces que du Soho Orange.

– Tu crois qu’ils ont couché ensemble ?
– S’ils avaient couché ensemble, tu penses qu’il lui ferait un numéro comme ça ? Tout le monde sait qu’à la seconde où tu baises avec un mec, tu passes des gros titres à la nécro. Et là, il vient de faire son Justin Timberlake sous nos yeux.
Page 231.

En quelques 800 pages, Marisha Pessl, l’auteure de cet ouvrage, retrace les beaux  jours et les jours sombres de l’adolescence, en y ajoutant une intrigue pseudo-policière destinée à clore cette période, comme l’explique Eli dans sa critique.

Parfois je me dis que l’ado a raison, que l’adulte est un con. Con parce qu’il rit aux déboire des jeunes dans Les Beaux Gosses comme le bizuté devient bizuteur. Alors qu’il faudrait les plaindre, poser un bras autour de leur épaule et leur dire : « T’inquiète pas petit, c’est qu’un mauvais moment à passer ». (mais surtout pas leur avouer que ça peut être pire après).

Cette critique, qui a salement dévié pendant la rédaction,  a été rédigée dans le cadre du Prix Littéraire des blogueurs George Sand.

10 commentaires leave one →
  1. juin 28, 2009 12:41

    La critique qui s’éloigne (un peu) du livre, c’est bien. J’aime bien quand on emprunte les chemins de traverse.
    Moi j’ai beaucoup aimé mon adolescence. Je me demande d’ailleurs si j’en suis sortie…

  2. juin 28, 2009 6:45

    Moi j’ai tendance à me dire que même si j’ai été la pire des garce à cette époque là et que je n’ai vraiment aucune envie d’y retourner! Ben ça fait quand même parti de la vie, et que mon adolescence à joué sur ce que je suis devenue aujourd’hui…
    Mais quand je vois des ados je me dis « ha ouais, je devais être pas loin de ressembler à ça… » et j’ai presque honte…

  3. juin 29, 2009 6:30

    Cela dévie peut-être mais si c’est pour y trouver ça : « Je me sentais pas particulièrement brillante durant cette période, même si ma peau l’était », je veux bien encore des critiques qui dévient. Et au moins, tu expliques réellement la réflexion provoquée en toi par ce livre, et c’est ça qui compte !

    D’ailleurs, tu me donnes une idée de nouvelle rubrique… merci !

  4. juin 29, 2009 12:13

    Moi j’aime bien me foutre de la gueule des ados 😀 j’y suis passée, chacun son tour non mé ho. (Mais idem, j’y retournerai pas!)

  5. electromenagere permalink*
    juin 29, 2009 10:29

    @Madame Kevin : je me suis perdue en route 🙂 Une adolescence heureuse ? tu es une extraterrestre ? 😀

    @Malira : en même temps ils sont attachants ces ados non ? 😉

    @Chouyo : Après je suis pas sure de rendre service au livre, c’est quand même plus qu’un teen récit. J’ai hâte de savoir pour la nouvelle rubrique !

    @Gazelle : toi t’es une vraie bizutée bizutrice ! 😀

  6. juin 30, 2009 10:25

    j’aime bien ta critique, dis donc, j’ai envie de lire le bouquin, là !!!!

  7. electromenagere permalink*
    juillet 1, 2009 6:59

    @Sounie : tu peux y aller les yeux fermés, le livre est vraiment très bien ! 😉

  8. juillet 1, 2009 6:13

    Ah ouais, pas con, c’est un peu comme un roman d’initiation… (en fait, il y a tellement de choses dans ce livre, que chacun peut y trouver son bonheur !)

  9. juillet 2, 2009 12:54

    halala, tu vas voir, mon #2 de Vegas se déroule dans la tête d’une ado. J’ai poussé la folie créatrice jusuq’à vérifier le bien fondé du verbe dont j’avais usé en focalisation interne : lecture (?) de forums d’ado, MTV et j’en passe.
    Tout ça pour quelques lignes.

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  1. La physique des Catastrophes de Marisha Pessl « Je Lis, Tu Lis, Il Lit

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